Les femmes sont l’avenir du commerce africain

En 2018, des dirigeants politiques et des chefs d’entreprise se sont réunis à Kigali pour le Sommet de l’Union africaine sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Le Président du Rwanda, Paul Kagame, exprime parfaitement le rôle des entreprises dans l’intégration régionale : « [...] Le souhait unanime et manifeste est que la consultation entre les dirigeants d’entreprise et les dirigeants politiques, à tous les niveaux, devienne une caractéristique permanente des délibérations continentales ».

Pourtant, lorsque nous avons mené en 2020 la toute première enquête auprès d’environ 70 associations professionnelles de femmes à travers toute l’Afrique, 75 % ont déclaré n’avoir jamais participé à une consultation liée à la ZLECAf, et la plupart ont affirmé ne pas profiter des accords commerciaux régionaux en général.

Comment l’expliquer ?

Bien que la ZLECAf intègre l’égalité des genres comme une question transversale primordiale, trois problèmes majeurs ont été invoqués à tous les niveaux :

1. Traduire les connaissances techniques en changements concrets ;

2. Assurer la représentation des femmes dans les discussions politiques ; et

3. Créer des opportunités d’apprendre des expériences des uns et des autres.

Dans le cadre du projet SheTrades: Empowering Women in the AfCFTA (SheTrades : Autonomiser les femmes au sein de la ZLECAf), financé par la GIZ, l’ITC aide les femmes à participer activement aux processus politiques qui influenceront leurs futurs résultats commerciaux.

© ITC/Chris Lutanga

Accroître les connaissances techniques

Il est souvent mentionné que la ZLECAf a le potentiel d’appuyer un marché de plus d’un milliard de personnes, de contribuer pour plus de 3 000 milliards de dollars au PIB mondial, et d’augmenter considérablement la part de l’Afrique dans le commerce international.

Cependant, pour que les femmes entrepreneures et productrices puissent bénéficier pleinement de cet accord, il faut d’abord comprendre les mécanismes incitatifs du commerce en Afrique, les changements à venir pour les entreprises individuelles, et en particulier la manière dont les femmes pourraient être concernées.

En collaboration avec des experts sectoriels, des représentants des communautés économiques régionales et des associations de femmes, nous avons produit des notes d’orientation sur les différents aspects de la ZLECAf. Nous nous sommes notamment penchés sur la facilitation des échanges, les normes, les obstacles non tarifaires, les technologies de l’information et de la communication, ainsi que le commerce numérique, afin d’identifier les problèmes politiques prioritaires pour les femmes. Nous avons également organisé des discussions sur des recommandations sexospécifiques et fourni des informations supplémentaires par le biais de modules d’apprentissage virtuel et d’études de marché.

S’engager dans la sensibilisation politique et les réformes

« Il nous faut un modèle à la fois descendant et ascendant pour nous assurer de la communication entre les pouvoirs publics et les femmes sur le terrain », a déclaré Joy Zenz lors de sa participation en août 2021 à un dialogue continental avec des négociateurs commerciaux sur la sensibilisation politique.

Grâce au travail acharné des associations de femmes, c’est exactement ce qui a pris forme. Lors de la réunion, les représentantes des associations de femmes ont pu présenter des arguments en faveur des quatre recommandations clés suivantes :

• Garantir la représentation des femmes dans les comités nationaux ;  
• Rationaliser la documentation exigée ;  
• Former les fonctionnaires douaniers sur la question du genre ; et
• Établir des normes communes pour le commerce des marchandises, et des accords de reconnaissance mutuelle vis-à-vis des qualifications professionnelles attendues dans le commerce des services.

Des secrétaires permanents et des représentants de six pays ont participé à cette discussion.

La réponse des responsables commerciaux fut extrêmement positive. Dans les débats au niveau national, la discussion est clairement passée de « En quoi la question du genre est-elle importante ? » à « Que pouvons-nous faire pour nous assurer que la question du genre soit incluse ? ».

Les participants ont même partagé les expériences (ou les plans) de leur pays en matière d’intégration du genre dans les plans nationaux de mise en œuvre de la ZLECAf.

Dans certains cas, comme ceux de la Gambie et de la Sierra Leone, les pays ont bénéficié d’un appui pour intégrer la question du genre dans les stratégies nationales relatives à la ZLECAf. Cet appui a été fourni par l’ITC à travers l’outil SheTrades Outlook qui a permis de recueillir des données nationales et d’identifier les lacunes en la matière, ainsi que les domaines de réforme politique et les meilleures pratiques.

Jeter les bases d’un réseau continental

Les associations professionnelles de femmes ont exprimé leur intérêt à tirer les leçons de leurs expériences afin de créer un réseau continental pour les femmes au sein de la ZLECAf.

Les objectifs de ce réseau sont de partager les connaissances, de former un groupe de pression solide, et de promouvoir un meilleur accès aux marchés et à l’information. Cela permettrait de définir des objectifs communs en termes de sensibilisation, d’accroître la connectivité, et d’éviter les duplications.

Ce fut la première fois que l’ITC travaillait avec des consultants, des experts et des responsables d’associations professionnelles de femmes dans différentes régions d’Afrique pour mener des consultations sous-régionales afin de développer et d’opérationnaliser un réseau.

Pour de plus amples informations sur le projet SheTrades: Empowering Women in the AfCFTA et ses ressources, visitez le site internet suivant :  https://www.shetrades.com/fr/projects/shetrades-afcfta