Avis d'experts

Une finance durable au secours du monde ?

1 novembre 2021
Sandrine Salerno, Directrice, Sustainable Finance Geneva

Sustainable Finance Geneva tient compte de l'impact et intègre les facteurs environnementaux et sociaux dans les évaluations des risques, redirigeant les capitaux vers les secteurs économiques qui s'alignent sur les objectifs de développement durable des Nations Unies

Le 21e siècle est un siècle de défis.

Depuis 70 ans, les pays industrialisés suivent un système de croissance et de développement économique qui repose sur les énergies fossiles. Ce système a induit des perturbations climatiques extrêmes, telles que la fonte des calottes glaciaires, le réchauffement des océans et la montée de leur niveau, des vagues de chaleur, des feux de forêt, des sécheresses et des inondations.

La pression résultante sur nos écosystèmes a des effets catastrophiques sur la biodiversité. De plus, ces effets ont des impacts sur notre qualité de vie, renforcent les inégalités, et leurs conséquences sont considérables pour l’économie.

Bien que tous les pays du monde en subissent les effets, ce sont les pays en développement qui paient le prix le plus élevé.

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Les modèles financiers ont un impact sur nos vies.

L’association Sustainable Finance Geneva (Finance durable Genève) a été créée en 2008 afin de promouvoir l’idée que le milieu financier devait changer de perspective. Plutôt que de se concentrer uniquement sur les retours sur investissement et les évaluations des risques, l’écosystème financier a le devoir d’intégrer la notion d’impact. En tenant compte de l’impact et en intégrant les risques environnementaux et sociaux dans les évaluations des risques, les capitaux peuvent être redirigés vers des secteurs économiques alignés sur les 17 objectifs de développement durable des Nations Unies.

Il y a 13 ans, cette perspective semblait idéaliste, pour ne pas dire utopique. Qui aurait pu prédire alors que le milieu de la finance pouvait changer de modèle ? Nonobstant, le monde a évolué, forçant les pouvoirs publics à légiférer, et les parties prenantes financières et économiques à revoir leurs modèles commerciaux et à concevoir de nouvelles solutions d’investissement.

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La finance verte est indispensable pour surmonter les inégalités sociales et les défis environnementaux.

 

Dans ce nouveau modèle, la finance verte est cruciale pour faciliter la transition écologique. Même si le chemin est encore long, et le temps limité, cette tendance demeure ferme. La finance verte fournit des opportunités économiques indispensables pour surmonter les problèmes de l’inégalité sociale.

La finance peut sauver le monde, à condition de tenir compte des facteurs à la fois sociaux, sociétaux et environnementaux, de prendre en considération au plus tôt l’impact des solutions financières, et d’appuyer l’économie réelle.

Sans collaboration, il n’y a pas de réussite possible.

La finance ne peut toutefois pas tout résoudre à elle seule. Pour affronter les difficultés actuelles, elle doit collaborer avec tous les pans de la société : le milieu politique, le milieu universitaire, les organisations internationales, et bien entendu le milieu économique.

Pour que cette collaboration voit le jour, un nouveau mouvement est né en 2019 : Building Bridges (Construire des ponts). Cette initiative unique rassemble les parties prenantes désireuses de passer du discours à l’action. Imaginer un nouveau monde est certes une bonne chose, en créer un est encore mieux.

À cette fin, la seconde édition de Building Bridges se tiendra à Genève du 29 novembre au 2 décembre 2021. Cette conférence dédiée à la finance durable en Suisse et dans le monde va proposer des moyens concrets d’aller de l’avant. Durant quatre jours, l’essentiel des débats va porter sur la finance et l’économie, les facteurs environnementaux et les impacts sociaux. Ces quatre jours ne suffiront pas à changer le monde, mais j’espère sincèrement qu’ils y contribueront.

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