Entretiens

10 questions pour... Arancha González

24 juin 2024
Entretien avec Arancha González Laya, ancienne directrice exécutive du Centre du commerce international (2013-2020)

Le Forum du commerce s'est entretenu avec Arancha González, ancienne directrice exécutive de l'ITC, l'occasion d'évoquer son travail à l'ITC et de recueillir son avis sur le paysage commercial actuel. Mme González a dirigé l'organisation de 2013 à 2020.

1. Quand vous étiez plus jeune, que vouliez-vous devenir ?

Je voulais devenir archéologue. J'étais fascinée par les civilisations anciennes et j'ai dévoré Des Dieux, des tombeaux, des savants de C.W. Ceram. Je rêvais de me rendre en Grèce, en Égypte ou en Irak pour participer à des fouilles archéologiques et recueillir les vestiges et les données qui permettraient d'établir un lien avec notre époque.

2. Qu'est-ce qui vous surprend le plus dans votre parcours professionnel et pourquoi ?

Ce qui m'a le plus surpris dans ma carrière, ce sont les virages qu'elle a pris ! Des affaires européennes à Bruxelles à la gouvernance du commerce international à Genève, en passant par la mise en œuvre du commerce dans le monde entier, puis par les affaires étrangères à Madrid et, aujourd'hui, par le milieu universitaire à Paris. 

La leçon à en tirer : il n'y a pas de limites à ce que l'on peut prévoir !

Arancha González, ancienne directrice exécutive de l'ITC (2013-2020)

3. Quels sont le meilleur et le pire conseils que vous ayez jamais reçus ?

Le meilleur conseil : tout faire avec intégrité.

Je ne crois pas qu'il y ait de mauvais conseils ; ce qui compte, ce sont les enseignements que vous en tirez.

4. Comment s'est déroulé votre premier jour à l'ITC en tant que directrice exécutive ?

C'était à la fois passionnant et intimidant. J'ai été accueillie par un groupe d'employés passionnés, intelligents et travailleurs, et nous nous sommes immédiatement mis à l'œuvre pour « faire passer les opérations à la vitesse supérieure ». J'ai passé cette première journée à faire connaissance avec les gens, à me promener et à me faire une idée de l'espace et de la culture. Marité et Abdel ont veillé à ce que je trouve mon chemin. Avec Matthew, Nneka et Alex, nous avons retroussé nos manches pour nous préparer à un automne chargé au sein la communauté commerciale de Genève.

5. De quoi êtes-vous le plus fier dans votre travail à la tête de l'ITC ?

Le lancement de SheTrades. Cette initiative a permis de placer l'autonomisation économique des femmes au cœur de l'agenda de la communauté commerciale : de la politique commerciale au financement du commerce, de la promotion du commerce et de l'investissement à l'inclusion numérique. Nous avons créé une marque d'excellence qui s'est transformée en une communauté d'excellence avec un objectif clé : l'égalité. 

Et l'ITC était au cœur de cet effort collectif.

6. Quelles sont les trois choses que vous appréciez le plus dans le travail actuel de l'ITC ?

J'apprécie la passion du personnel, l'esprit d'innovation de l'organisation et l'engagement à relier durablement les plus petits et les plus pauvres aux marchés mondiaux.

Arancha González devant l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2015.
Arancha González en visite dans un centre de formation professionnelle pour réfugiés à Nairobi, 2016.

7. Comment voyez-vous le rôle futur de l'ITC dans l'élaboration d'un programme de développement par le commerce ?

Apporter la perspective des petites entreprises a toujours été l'avantage comparatif de l'ITC. Il est essentiel que l'ITC continue de siéger aux grandes tables – celles de l'ONU, de l'OMC, du G20 et des commissions économiques régionales du monde entier – afin que les voix et les priorités des plus petits et des plus vulnérables ne soient pas oubliées. Apporter le local au global mais aussi s'assurer que le global soit accessible au local.

8. Qu'est-ce qui vous passionne le plus dans le commerce aujourd'hui ?

C'est une époque compliquée pour le commerce. Les rivalités géopolitiques et les vents contraires économiques, la crise climatique, les transformations numériques, les inégalités sont autant de défis et d'opportunités pour le système commercial multilatéral. Le commerce a favorisé le développement lorsque les bonnes politiques mondiales et nationales ont été mises en place, et j'ai la chance de travailler dans une institution académique comme Sciences Po, qui aide à former la prochaine génération de dirigeants qui pourront à leur tout défendre des solutions pour que le commerce bénéficie à tous.

9. Quelles seraient quelques « grandes victoires » pour le commerce et le développement durable dans les années à venir ?

La première est un réengagement en faveur du système commercial multilatéral, qui constitue le meilleur moyen d'éviter les risques et les coûts de la fragmentation des échanges. La deuxième consiste à mieux articuler le commerce et le changement climatique – y compris sur le plan financier – de manière coopérative, en évitant l'unilatéralisme vert.

Enfin, le maintien de la légitimité des marchés ouverts nécessitera des politiques nationales et internationales qui s'attaquent aux effets distributifs du commerce et du progrès technologique afin de garantir que le commerce fonctionne pour tous.

10. Si vous aviez un conseil à donner aux futurs dirigeants commerciaux, quel serait-il ?

Préserver le multilatéralisme. C'est la garantie d'un siège à la table pour de nombreux petits pays et communautés. Il faut le protéger, activement.