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Nous sommes tous des femmes!

7 mars 2016
ITC Nouvelles

Nous sommes tous des femmes'. C'est un gros titre pour ouvrir ce nouveau numéro du Forum du commerce international, qui pour la première fois contient des articles rédigés uniquement par des femmes.

Qu'est-ce que j'entends par 'nous sommes tous des femmes'? Essentiellement, je veux dire que la lutte pour l'égalité des genres n'est pas 'une question qui concerne les femmes', mais une question qui concerne l'humanité; c'est un droit humain inaliénable. Indépendamment de toute considération de genre, race, religion, pays d'origine ou affiliation politique, nous devons tous oeuvrer afin que l'autonomisation économique des femmes devienne une réalité.

En tant que Directrice du Centre du commerce international (ITC), j'ai l'énorme chance de rencontrer un grand nombre de personnes qui sont source d'inspiration partout dans le monde. J'ai rencontré plusieurs femmes leaders politiques et cheffes d'entreprises. J'ai visité des usines et des entreprises appartenant à des femmes. J'ai visité des fermes où des femmes travaillent dans les champs pour cultiver notre nourriture. J'ai lancé des applications mobiles créées par des femmes entrepreneures et j'ai assisté à des défilés de mode présentant des créations de femmes stylistes. Ces femmes, ainsi que leurs équipes, ont toujours été une source d'inspiration. Ce numéro du Forum du commerce international leur est dédié.

Que ce soit lors de la 3ème Conférence sur le financement du développement à Addis- Abeba, du Sommet pour le développement durable à New York, de la Conférence sur les changements climatiques à Paris ou de la Conférence ministérielle de l'OMC au Kenya, les femmes ont joué un rôle clé dans la conclusion d'accords sur la direction dans laquelle nous souhaitons que le monde s'engage. L'objectif de développement durable 5 – Autonomiser toutes les femmes et les filles – pose un jalon important autour duquel nous devons nous unir. L'ITC y a contribué en invitant des femmes pionnières à plusieurs de ses évènements en 2015, plus particulièrement au Forum des femmes commerçantes à São Paulo et au Forum international des femmes entrepreneures à Nairobi, où les décideurs politiques – hommes et femmes confondus – ont rencontré des femmes entrepreneures pour discuter et conclure des affaires.

L'ITC met délibérément l'accent sur les entreprises détenues et dirigées par des femmes. Alors que les entreprises actives dans les échanges transfrontaliers tendent à être plus productives, plus rentables et à offrir plus d'emplois que leurs contreparties axées sur les échanges internes, des enquêtes menées par l'ITC dans les pays en développement (PED) montrent que seulement un cinquième des entreprises engagées dans les échanges sont dirigées par des femmes. Cela est regrettable, car la propriété est une question d'importance: les entreprises appartenant à des femmes emploient plus de femmes aux postes de cadres et parrainent plus de femmes débutantes. Mais il ne s'agit pas uniquement de propriété. La rémunération du travail des femmes engendre des avantages sociaux majeurs qui profitent aux générations futures, notamment parce que bien plus que les hommes, les femmes investissent une plus grande part de leurs revenus dans leurs familles, la santé et l'éducation.

Il faut plus que des mots pour faire bouger les choses. Il nous faut des données et la capacité de trouver une solution pour surmonter les obstacles rencontrés par les femmes entrepreneures qui cherchent à commercialiser des biens et des services. Les femmes entrepreneures et leurs entreprises – grandes ou petites – ont besoin de soutien pour faire partie intégrante du commerce mondial.

C'est pour répondre à de tels défis que l'ITC a lancé en 2015 l'initiative SheTrades afin de relier un million de femmes entrepreneures aux marchés d'ici à 2020 (pages 24 et 25). Nous avons lancé une application créée par une jeune entrepreneure kényane qui permet aux femmes d'enregistrer leurs entreprises et d'être reliées à des entreprises plus grandes cherchant à s'approvisionner en biens et services spécifiques auprès d'autres entreprises appartenant à des femmes. Dans le cadre de l'initiative SheTrades, cela s'inscrit dans un effort accru en vue de créer un réseau permettant aux femmes entrepreneures de se connecter entre elles et de créer un portefeuille d'entreprises plus important et plus durable.

L'initiative réussie de la présidence turque du G20 de créer Women 20 souligne encore davantage l'importance grandissante accordée par les plus grandes économies mondiales à l'inclusion des femmes dans l'économie, que ce soit dans les finances, les TI, la société civile ou le commerce. Cette importance est entièrement justifiée. L’OIT estime que 865 millions de femmes dans le monde pourraient contribuer plus concrètement à l'économie de leur pays si elles y étaient autorisées, ou formées. Mais beaucoup reste à faire. Une enquête menée récemment par la Banque mondiale a montré que 155 pays étaient encore dotés d'une loi qui entrave l'accès des femmes aux opportunités économiques.

Les femmes se heurtent à des restrictions basées sur le sexe dans 100 pays, ce qui les confine à des activités à bas salaires, le plus souvent dans le secteur informel.

Nous sommes sur la bonne voie. Autonomiser les femmes n'est pas seulement la bonne chose à faire. C'est la chose intelligente à faire économiquement, socialement et politiquement. Après tout, 'nous sommes tous des femmes'.