Discours

Remarques de la Directrice exécutive de l'ITC lors du Forum sur le commerce pour le développement durable

1 octobre 2015
ITC Nouvelles
« Construire des chaînes d'approvisionnement durables »

Genève, le 1er octobre 2015
Par Mme Arancha González, Directrice exécutive

Je vous remercie de vous être joints à nous aujourd'hui pour le deuxième Forum du Centre du commerce international (ITC) sur le commerce pour le développement durable.

C'est à juste titre que nous sommes aujourd'hui au siège de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour parler des chaînes d'approvisionnement durables, dans la mesure où elles sont essentielles au thème du Forum public de l'OMC de cette année – « Le commerce fonctionne ».

Il devient évident que si les chaînes d'approvisionnement ne sont pas durables, alors l'impact du commerce ne sera pas durable non plus, et ne pourra pas générer les bénéfices de la croissance et les créations d'emplois qu'il devrait. Tous les acteurs – depuis les agriculteurs en amont jusqu'aux consommateurs, c'est à dire vous et moi – pourraient profiter grandement du fait de placer les questions de la durabilité au cœur des discours sur le commerce.

C'est pourquoi il y a six ans l'ITC a lancé le programme Commerce pour le développement durable, afin de promouvoir des chaînes d'approvisionnement durables en tant que moyen d'aider les pays en développement et leurs petites et moyennes entreprises (PME) à ajouter de la valeur à leurs produits et services.

Avec l'expérience acquise l'année dernière, à l'occasion du premier Forum sur le commerce pour le développement durable, nous avons lancé les « Principes du commerce pour le développement durable » (T4SD), un ensemble de valeurs fondamentales – transparence, durabilité, harmonisation et alignement avec les Objectifs de développement durable récemment adoptés par les Nations Unies – qui visent à appuyer un commerce plus équitable et ayant un impact plus fort.

Un an après, je peux fièrement affirmer que 50 entreprises et organisations ont adopté les Principes T4SD, y compris toutes les entreprises privées qui m'accompagnent dans ce panel aujourd'hui. En cela je vous félicite.

Mais pour garantir ce fait, même si l'engagement de nos partenaires est important et le bienvenu, nous devons aussi investir des ressources financières et techniques pour nous assurer que les chaînes d'approvisionnement durables deviennent une réalité. Il y a un an, je posais la question suivante : « Que pouvons-nous faire, dans ce paysage hautement complexe et en mutation rapide ? Comment préserver la nature dynamique de ce domaine, tout en nous assurant que ces initiatives en matière de durabilité tiennent leurs promesses ? »

Ma foi, après un an, nous avons des informations enthousiasmantes à vous communiquer. Il y a tout juste trois jours – lundi dernier, à New York – nous avons présenté une nouvelle initiative passionnante que l'ITC s'apprête à lancer avec le Pacte mondial des Nations Unies et l'organisation Global Standards 1 (GS1) : l'Initiative « Blue Number » (ou numéro bleu), un nouveau répertoire mondial pour les agriculteurs dont l'activité est considérée comme durable.

Voici le concept : les agriculteurs se voient attribuer un numéro de géolocalisation – le numéro bleu. Ce numéro renvoie à un profil qui indique le nom de l'agriculteur, son sexe, ses produits, son adresse courriel ou son numéro de téléphone. Une fois inscrit au répertoire, il ou elle peut se connecter à un marché de la durabilité et rejoindre d'autres partenaires commerciaux, pour partager avec eux ses accomplissements en matière de durabilité. On peut le considérer comme une plateforme de réseau en ligne – une sorte de Facebook ou de LinkedIn pour agriculteurs.

Le fait de posséder un numéro bleu donne une voix aux agriculteurs et leur permet d'accéder à des ressources durables.

Il augmente leur visibilité, et leur permet d'entrer en contact avec des acheteurs partout dans le monde.

La sécurité alimentaire peut être améliorée en identifiant les agriculteurs marginalisés et détenteurs d'un numéro bleu, qui pourraient bénéficier d'un renforcement de leurs compétences ou de mises en relation avec les marchés agricoles locaux.

Cet outil permet aux agriculteurs de s'approprier l'information qu'ils partagent et leur permet d'avoir un certain degré de contrôle sur leur destin. Il va aussi nous permettre de constituer une source incroyable de données – un gros volume de données – qui peut alimenter les questions politiques, depuis l'autonomisation économique des femmes aux questions d'enregistrement foncier, et de la sécurité alimentaire aux normes en matière de qualité.

De plus, cette initiative va aussi aider les acheteurs à améliorer la traçabilité de leurs chaînes de valeur, et accéder à des données leur permettant de prendre des décisions éclairées en matière d'achat, par exemple lorsqu'ils cherchent à commercer avec des exploitations agricoles appartenant à des femmes.

À ce jour, plus de 6 000 agriculteurs ont déjà répondu à notre invitation à souscrire à l'Initiative Blue Number. Les grandes marques internationales et des milliers d'agriculteurs auront accès à des informations en matière de durabilité, ce qui va permettre à leurs réseaux d'affaires d'être mieux reliés entre eux, et en accord avec leurs objectifs en matière de durabilité. Les responsables politiques peuvent utiliser ces données pour favoriser une production durable alignée sur les Objectifs de développement durable. Le répertoire est déjà en ligne et le site du marché sera pleinement opérationnel d'ici au premier trimestre 2016.

Cette initiative est passionnante parce qu'elle favorise les plateformes technologiques existantes, telles que celles construite par le GS1, ou le site Internet de l'ITC Standards Map qui contient à présent plus de 180 normes et codes de conduite.

Le postulat de l'Initiative Blue Number rejoint l'essence des Principes T4SD : une agriculture durable, encourageant la transparence des chaînes de valeur en donnant une voix aux agriculteurs, et fournissant des outils concrets favorisant une reconnaissance mutuelle et des coûts réduits.

Grâce à cette initiative, nous avons un outil concret pour appuyer la mise en œuvre de l'Objectif de développement numéro 2 (SDG2), qui traite de l'éradication de la faim, de la garantie d'une sécurité alimentaire, de la nutrition et de la promotion d'une agriculture durable, ainsi que de l'Objectif numéro 12 (SDG12) pour la promotion de mécanismes durables de production et de consommation.

Même si le deuxième forum annuel du T4SD ne sera pas exclusivement dédié à l'Initiative Blue Number, les sessions d'aujourd'hui à l'OMC et celles de demain à l'Organisation météorologique mondiale (OMM) traiteront de sujets touchant à ce projet, comme la traçabilité, les récits des défis relevés et des réussites de nos partenaires sur le terrain, aux prises quotidiennement avec les questions d'amélioration des performances des fournisseurs et de l'accès aux marchés, et les perspectives des gouvernements qui intègrent les chaînes d'approvisionnement durables dans leurs politiques publiques.

Il est donc temps pour moi de passer la parole à notre modérateur, M. Lanre Akinola, ainsi qu'à l'éminent panel qui va lancer le deuxième forum annuel T4SD.

Comme ce fut le cas l'année dernière, je pense que le forum T4SD ne sera pas seulement fait d'idées et de débats rigoureux, mais va aussi proposer des étapes innovantes que nous pourrons suivre avec l'ensemble de nos partenaires pour appuyer une production et un commerce plus durables. L'ITC est votre partenaire dans cet effort, et nous nous engageons à amener nos outils, réseaux, et expertise pour vous aider à garantir que le commerce fonctionne pour vous de manière durable.

Un dernier mot avant de laisser la parole : j'aimerais vous rappeler que le Forum T4SD se poursuivra demain de l'autre côté de la rue, au siège de l'OMM. Je me réjouis de vous y retrouver.

Merci.