Récits

Acces! Au Financement Pour Les Femmes D’Affaires D’Afrique

6 mai 2013
ITC Nouvelles

Les femmes entrepreneurs dans toute l’Afrique créent des emplois et ajoutent de la valeur aux exportations en faisant preuve d’innovation et ce en dépit des différentes difficultés rencontrées, y compris l’accès limité à la formation à l’exportation, à l’information sur les marchés et au financement.

Depuis 2007, le programme ACCES! de l’ITC pour la formation à l’exportation, financé par l’ACDI, s’attache à surmonter ces obstacles en renforçant la compétitivité de plus de 2 500 femmes exportatrices de 20 pays d’Afrique. Il dispose pour cela d’un réseau de plus de 60 formateurs nationaux agréés, quatre formateurs principaux agréés et un kit de formation complet en 32 modules disponible en anglais et en français. ACCES! s’attache aussi à renforcer la capacité des IAC telles que les ministères du commerce, les chambres de commerce et les associations professionnelles de femmes pour leur permettre d’assister ces exportateurs.

ACCES! s’inscrit dans le cadre du programme PACT II d’un montant de 19,8 millions de dollars canadiens, le programme le plus vaste de l’ITC. Il implique un partenariat stratégique entre l’ITC, agence d’exécution, des CER choisies en tant qu’homologues principaux et des IAC. Le programme s’attache essentiellement à encourager le dialogue politique entre les communautés régionales; militer pour le développement du commerce régional; renforcer les IAC; améliorer les compétences commerciales et les liens avec le marché; et à soutenir les femmes pour qu’elles réussissent à l’exportation.

Sachant que plus d’un tiers des entreprises dans le monde appartiennent au moins en partie à des femmes, les femmes entrepreneurs sont une force économique grandissante. Parmi elles figurent Antoinette Koudjal Mangaral du Tchad qui était déjà une femme d’affaires bien installée lorsqu’elle a décidé de rejoindre le programme ACCES!

Mme Mangaral a créé sa propre entreprise, les Établissements KAMA, en 1995, spécialisés dans la récolte et la transformation des noix de karité en beurre de karité. L’Afrique subsaharienne cultive déjà la noix de karité et livre déjà l’essentiel de la noix de karité consommée dans le monde, mais la production de la région n’a pas encore atteint son plein potentiel. Seul un petit pourcentage des millions de karités du pays sont récoltés, en dépit d’une forte demande locale de beurre de karité qui est utilisé pour cuisiner et dans les cosmétiques. Le potentiel à l’exportation est également considérable – l’Europe a elle seule consomme jusqu’à 60 000 tonnes de beurre de karité chaque année, essentiellement dans l’industrie du chocolat.

Lorsque Mme Mangaral a lancé son entreprise, elle savait que son succès dépendrait du développement du secteur de l’agriculture dans tout le pays. Pour s’assurer d’être en mesure d’exercer une influence sur le secteur et de le promouvoir, elle s’est proposé de diriger l’Association tchadienne des opérateurs du secteur agroalimentaire en 2003. Sous sa direction l’association s’est développée et a accueilli de nombreux nouveaux membres. Mme Mangaral a aussi rejoint une association de femmes artisanes qui compte plus de 1 000 membres, dont certaines approvisionnent les Établissements KAMA en matières premières. Elle est par ailleurs membre de l’Association des femmes commerçantes du Tchad depuis plus de dix ans et y assume un rôle de mentor pour les femmes d’affaires des zones rurales. Sa réussite et ses actions positives ont valu à Mme Mangaral la reconnaissance par le Tchad de sa contribution au développement économique du pays et à la promotion des femmes dans les affaires.

Et pourtant, en dépit de son expérience de taille, Mme Mangaral a jugé bon de suivre le programme de formation ACCES! Cette expérience a débouché sur un processus de transformation qui a duré de nombreux mois. Elle a expliqué : "J’ai totalement restructuré mon entreprise. J’y ai réorganisé toutes les tâches réalisées, nous avons renforcé notre système comptable et je me suis davantage impliquée dans certains domaines dont la supervision méritait d’être améliorée. Je forme à présent mon personnel pour qu’il puisse gérer l’entreprise lorsque je suis à l’étranger pour développer les marchés d’exportation. J’ai aussi transféré des compétences pour une meilleure gestion de la chaîne d’approvisionnement. Tout fonctionne à présent.

"J’ai tout particulièrement profité des formations à la négociation, à l’établissement des prix et aux INCOTERMS© 2010" a-t-elle déclaré, se référant aux termes commerciaux prédéfinis de la Chambre de commerce internationale largement utilisés dans les transactions commerciales. "Par le passé, je ne me préoccupais guère de ces questions. Les gens s’adressaient directement à nous pour acheter nos produits, mais je ne connaissais pas grand chose aux conditions des contrats. La formation ACCES! m’a aidé à formaliser les contrats sur la base de transactions commerciales et il s’est avéré qu’ils préservent mieux mes intérêts."

Les Établissements KAMA exportent à présent vers le Cameroun, la République centrafricaine, le Congo, le Nigéria et l’Europe et ils sont en train d’élargir leur ligne de produits pour y intégrer les arachides et l’huile de sésame. Tous les produits de l’entreprise sont certifiés biologiques, ce qui, d’après Mme Mangaral, constitue un avantage pour son entreprise sur les nouveaux marchés comparé à ses concurrents non certifiés. Dans l’avenir, les Établissements KAMA vont aussi améliorer l’emballage de leurs produits pour pouvoir mieux exploiter les débouchés à l’exportation.

L’avenir s’annonce très prometteur pour l’entreprise créée par Mme Mangaral il y a 17 ans. La demande de beurre de karité reste vigoureuse et les infrastructures économiques requises pour répondre à cette demande sont bien plus développées que lorsqu’elle s’est lancée dans l’aventure – notamment, bien entendu, grâce à son dévouement à la cause du développement de l’ensemble du secteur agricole.

À l’instar de Mme Mangaral, plusieurs dirigeantes d’entreprises africaines affirment que l’appui technique dont elles ont bénéficié par le biais de la formation à l’exportation et des activités de conseil aux entreprises du programme ACCES! les ont menées à restructurer leurs entreprises pour optimiser leur efficacité et maximiser les débouchés commerciaux régionaux et internationaux.

Mais comme Sébastien Turrel, Administrateur principal en promotion du commerce au Bureau Afrique de l’ITC, l’a déclaré : "’Avec la forte demande de services d’ACCES!, nous devons veiller à laisser dernière nous un héritage solide pour que ces activités se poursuivent à l’achèvement du programme. Il est là, il fonctionne et c’est le pays qui est aux commandes."