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Libérer le potentiel: Burundi, Turquie, Cambodge

26 juillet 2011
ITC Nouvelles

Le Forum mondial pour le développement des exportations 2011 s’est penché sur la manière dont les pays les moins avancés peuvent faire du tourisme un outil de réduction de la pauvreté. Lors du WEDF 2011, des hauts responsables du Burundi, de la Turquie et du Cambodge ont témoigné de leur expérience réciproque.

Saisir les opportunités – Burundi

Début 2011, le petit État du Burundi a fait une forte impression sur la scène touristique mondiale. Lors du très réputé Salon international du tourisme (ITB), le Burundi a présenté certains de ses atouts naturels et culturels – décrochant le prix du Meilleur exposant africain. Ce succès témoigne du potentiel national à attirer les touristes et à bâtir une industrie génératrice d’emplois pour les 8,2 millions d’habitants, a expliqué S.E. Mme Victoire Ndikumana, Ministre du commerce, de l’industrie, des postes et du tourismedu Burundi.

Un nombre croissant de touristes sont à la recherche d’expériences culturelles ou d’aventures et de nombreux PMA – dotés d’un riche patrimoine culturel et ethnique – peuvent répondre à cette demande de types de séjour. Avec une population jeune en quête d’emplois décents, d’éducation et de formation, les PMA ont beaucoup à gagner du développement touristique. ‘Il apparaît clairement que le tourisme est un moteur de la croissance pour de nombreux PMA. Mais son développement nécessite de mobiliser d’importantes ressources pour satisfaire les besoins du secteur en termes notamment de législation, renforcement des capacités, infrastructure et marketing,’ a ajouté Mme Ndikumana.

Elle a précisé qu’après 12 ans de guerre civile, le Gouvernement a adopté une stratégie à quatre volets pour libérer le potentiel touristique national. Celle-ci inclut des mesures pour consolider la paix en élargissant aux régions rurales marginalisées les sources de revenu générées par le tourisme. Elle favorise également le développement des sites touristiques et la collaboration avec d’autres pays de la région pour gérer les atouts et assouplir les restrictions imposées aux déplacements des touristes. Enfin, elle mise sur un renforcement des partenariats entre les secteurs public et privé.

‘Cette stratégie a été développée en partenariat avec le secteur privé, la société civile et les institutions spécialisées de l’ONU, le tourisme étant considéré comme un secteur prometteur susceptible de relancer la croissance par un effet d’entraînement socio-économique potentiel sur les secteurs connexes,’ a ajouté Mme Ndikumana.

Engagement du Gouvernement et rôle central du secteur privé – Turquie

Entre 1980 et 2010, l’industrie touristique turque a explosé; les recettes du secteur sont passées de $E.-U. 300 millions à $E.-U. 20,8 milliards et la tendance se poursuit. L’Union des chambres et des bourses de commerce de Turquie (TOBB), qui est l’entité juridique suprême représentant le secteur privé, prédit que la hausse des recettes atteindront $E.-U. 45 milliards d’ici 2020. Hasan Arat, Vice-président de TOBB, a estimé que l’appui gouvernemental couplé à l’investissement privé est la clé de la réussite turque.

L’expérience de la Turquie fournit de précieuses indications aux PMA. ‘Bâtir une réputation mondiale de fiabilité et relativement neutre politiquement a permis aux entreprises touristiques privées d’ouvrir de nouveaux circuits commerciaux dans les pays occidentaux qui, autrefois, délaissaient la Turquie,’ a déclaré M. Arat. Les investissements consentis par la Turquie dans l’infrastructure (aéroports, chemins de fer et transport maritime) ont également porté leurs fruits en termes de croissance du tourisme.

Un autre facteur clé de la réussite turque a été de rassembler des décideurs et des personnalités influentes de premier plan du secteur privé au sein d’une organisation (Assemblée du secteur touristique de Turquie), dont les principaux objectifs incluent: identification des problèmes et mesures correctives, préparation de rapports sectoriels et prévisions, organisation de symposiums, conférences et forums pour encourager les développements sectoriels, et coordination des réunions avec les fonctionnaires et les pouvoirs publics connexes.

‘En Turquie, ce niveau de coordination et d’engagement au service du tourisme a contribué au succès de nombreux partenariats public-privé, incluant l’organisation du Festival olympique de la jeunesse européenne de Trabzon en 2011 et des Jeux méditerranéens de Mersin en 2013, la création du Centre touristique de Belek, le Festival du shopping d’Istanbul, les Jeux d’hiver interuniversitaires 2011 d’Erzurum et le Championnat du monde d’athlétisme en salle d’Istanbul 2012,’ a déclaré M. Arat.

Élargir les opportunités aux entrepreneurs des régions rurales – Cambodge

Il est largement admis que le développement sans équité n’est pas pérenne. Pour que le tourisme agisse contre la pauvreté, il est essentiel que les PMA s’assurent que les opportunités de revenus s’étendent aux zones rurales, où vit la majorité des populations pauvres défavorisées. S.E. M. Tina Dith, Sous-secrétaire d’État, Ministère du commerce du Cambodge, a estimé que les partenariats entre le Gouvernement cambodgien et le secteur privé garantissent le succès dans ce secteur.

Pour améliorer les opportunités de revenus pour les populations rurales – notamment les jeunes – le Gouvernement, les donateurs internationaux et le secteur privé ont soutenu l’entreprise Artisans d’Angkor spécialisée dans la sculpture sur pierre et sur bois, et les produits laqués et en soie pour les marchés du tourisme
et d’exportation.

Chaque année, des millions de personnes visitent le Cambodge pour se familiariser avec la culture ancestrale de ce pays d’Asie du Sud-est. Des décennies de guerre civile ont détruit les connaissances sur les techniques artisanales traditionnelles. Depuis 1998, Artisans d’Angkor a formé des centaines de jeunes pour les aider à trouver un emploi dans le secteur des métiers d’art traditionnels. Cet effort participe au renouveau de la culture Khmer et crée des emplois pour les jeunes.

‘Actuellement, le Gouvernement réfléchit à la façon dont le Cambodge pourrait tirer davantage parti du tourisme,’ dit M. Tina Dith. ‘Une approche se focalisera sur la création d’un secteur séricicole bien organisé et compétitif, susceptible de générer emplois et revenus pour réduire la pauvreté qui frappe 20 000 personnes le long de la chaîne logistique de la soie. Avec l’appui des donateurs et d’organismes internationaux, dont l’ITC, plus de 500 tisserands ont été récemment formés à des techniques pour produire plus rapidement des produits de qualité, garantissant ainsi de meilleurs prix aux consommateurs,’ a-t-il conclu.

Pour promouvoir le travail des tisserands, le Ministère du commerce a installé une salle d’exposition dans la capitale pendant six mois; le personnel de 11 entreprises et ONG ont reçu une formation en marketing, design et procédures d’exportation. ‘En 2010, le Gouvernement a aussi supprimé la taxe d’importation sur les matières premières et la TVA pour améliorer la compétitivité des produits cambodgiens en soie,’ a expliqué M. Dith.

Ces représentants de haut rang sont convenus que les investissements dans l’infrastructure, l’action auprès des populations marginalisées et la participation du secteur privé sont des éléments clés qui contribuent à faire du tourisme un outil de lutte contre la pauvreté dans les PMA.