Discours

Réunion des ministres du commerce de l'Union africaine

20 juillet 2015
ITC Nouvelles
Discours de Mme Dorothy Tembo, Directrice exécutive adjointe de l'ITC.
20 juillet 2015 – Hôtel Boma, Nairobi – Kenya

Honorables Ministres,
Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie d’avoir invité le Centre du commerce international à participer à ce dialogue, qui va aider à ouvrir la voie à la réussite de la 10ème Conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Nairobi.

Je vous transmets les chaleureuses salutations et les vœux pour des débats fructueux de la part de Mme Arancha González, Directrice exécutive de l'ITC.

La 10ème Conférence ministérielle de l'OMC (MC10) constitue le dernier chapitre d'une année qui a réellement été transformative pour la communauté internationale. L'année 2015 va définir la direction que nous voulons prendre dans les années à venir dans des domaines comme le financement, les changements climatiques, le commerce, et bien sûr les objectifs de développement.

C'est l'occasion pour nous d'aligner la théorie à la réalité ; de concrétiser les mots et les engagements ; et de le faire de manière cohérente, cohésive, et basée sur les faits.
Les résultats de la récente Conférence sur le financement pour le développement, organisée à Addis Abeba la semaine dernière, sont de bon augure pour réaliser le souhait de la communauté internationale de combler les écarts et d'obtenir des résultats.

La Conférence ministérielle ici à Nairobi sera une pièce essentielle de l'assemblage que nous essayons de développer ensemble : un monde débarrassé de la pauvreté, qui crée des opportunités et des emplois pour tous, et surtout pour les communautés vulnérables, et ce dans le respect de notre planète. C'est faisable. Mais cela va demander de la planification, du dialogue et des compromis.

Le débat d'aujourd'hui constitue une partie de la planification et du dialogue. C'est une opportunité pour les ministres du commerce d'Afrique de réaffirmer leurs priorités et leurs positions, et de manière plus importante, de discuter des moyens d'atteindre ce résultat à Nairobi.

Le Centre du commerce international demeure votre partenaire sur point. En tant qu'organisation conjointe des Nations Unies et de l'Organisation mondiale du commerce, nous travaillons avec le secteur privé – les petites et moyennes entreprises (PME) – pour les aider à traduire dans la réalité les opportunités d'accès aux marchés. Les accords que vous obtenez à l'OMC, les décisions que vous prenez aux niveaux régionaux ou nationaux pour réduire les obstacles au commerce, ont une grande importance pour les PME. C'est pourquoi il est important de parvenir à un résultat à Nairobi.

Toutefois, cela ne se traduit pas automatiquement par une croissance des échanges pour les PME. Des actions sont également requises du côté de l'offre pour aider les PME à s'internationaliser, en renforçant leurs capacités le long des chaînes de valeur. De nombreuses personnes ici connaissent bien notre travail. De la collaboration avec le secteur de la mode éthique au Kenya et celui de la mangue au Mali, à l'appui à la coopération Sud-Sud en Afrique de l'Est et le renforcement des mécanismes d'alerte commerciale en Côte d'Ivoire, l'ITC a toujours donné la priorité de son assistance et de ses interventions à l'Afrique.

En 2014, l'ITC a passé un pacte avec ses membres pour qu'au moins 60 % de ses interventions le soient au bénéfice des pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement, l'Afrique subsaharienne, les pays en sortie de conflit et les États fragiles. Nous nous sommes engagé à porter cet effort à 70 % en 2015. L'ITC est aussi en train d'ouvrir un bureau de liaison en Afrique, à Addis Abeba, ce qui va nous permettre de renforcer notre présence dans la région.

La MC10 doit viser à réaliser les objectifs du Programme de Doha pour le développement. C'est la première conférence ministérielle en Afrique, et les ministres africains devraient aider leur hôte à atteindre un résultat. Il se peut que ce résultat ne convienne pas à tout le monde. Mais un résultat est essentiel pour crédibiliser l'OMC, et plus encore aider à faire de l'Afrique un contributeur aux solutions. Il y a de nombreux aspects à ce programme, mais j'aimerais me concentrer pour le moment juste sur deux points : la facilitation des échanges et les services.

L'Accord de facilitation des échanges a été signé. Le but maintenant est d'aider les pays en développement à opérationnaliser cet accord. Une facilitation des échanges concrète, dans un monde où de nombreux pays veulent grimper le long des chaînes de valeur, n'est pas un choix économique, c'est une nécessité économique afin de demeurer compétitif.

Pour garantir l'application de l'Accord de facilitation des échanges, les deux tiers des membres de l'OMC doivent le ratifier. Les dernières informations de l'OMC montrent que seuls 8 membres de l'OMC sur 161 ont soumis leur instrument de ratification, dont deux en Afrique. Si vous ratifiez tous cet accord ici à Nairobi, il pourrait entrer en vigueur dès à présent. Ce serait un résultat considérable.

Les perspectives sont un peu plus positives quand on considère le nombre de pays qui ont déjà notifié la manière avec laquelle ils prévoient de mettre en œuvre leurs engagements.

L'ITC a été un partenaire actif, collaborant avec plus de 40 pays. Près d'un tiers des pays ayant soumis une notification ont été appuyés par l'ITC. Deux pays en développement soutenus par l'ITC ont déjà ratifié l'accord.

Il y a à peine deux semaines, nous avons organisé un atelier de catégorisation pour les pays du COMESA, comme nous l’avions fait plus tôt cette année pour les pays de l'UEMOA. Avec la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED), nous travaillons pour nous assurer que le secteur privé – et en particulier les PME – comprennent les termes de la discussion et y contribuent. Je veux être claire sur le fait que nous sommes à disposition sur demande pour aider tout pays qui aurait besoin de l'être.

À propos des services, l'ITC a travaillé très étroitement avec les pays les moins avancés pour approfondir leur connaissance des bénéfices des dérogations applicables aux services au sein de leur pays, et pour les aider à définir les profils de leurs services. Le mois dernier, à l'occasion de l'Examen global de l'Aide pour le commerce, l'ITC a présenté une série de fiches descriptives de pays, ainsi qu'un Réseau mondial des services en ligne qui permet de relier plus de 800 parties prenantes dans le monde entier. Le commerce des services constitue le futur de la croissance pour de nombreux pays en développement clients de l'ITC, et la MC10 doit se concentrer sur la manière dont les pays d'Afrique peuvent tirer avantage d'un de leurs atouts majeurs : une population de plus en plus éduquée et innovante – et jeune.

L'ITC a participé avec plaisir au lancement de la phase 2 du Cadre intégré renforcé (CIR). Il constitue le lien vers l'Aide pour le commerce pour les pays les moins avancés. Durant la MC10 se tiendra une conférence des donateurs qui vise à financer le CIR pour qu'il puisse répondre à une demande croissante, y compris dans le domaine des services. Il est essentiel que le groupe d'Afrique fasse entendre sa voix avant cette conférence des donateurs. Vous devez vous assurer que le CIR soit financé de manière prévisible et durable, et il est important que vous adressiez ce message aux partenaires du développement bien à l'avance avant la réunion de décembre.

Avant de conclure, j'aimerais encore dire un mot des PME. Elles sont l'épine dorsale de vos économies. À l'ITC, nous travaillons avec les PME et les institutions d'appui au commerce et à l'investissement pour renforcer leurs capacités afin d'appuyer la croissance et de créer des emplois grâce au commerce. Il existe de nombreuses manières d'y parvenir : en fournissant une veille économique ; en identifiant et en s'attaquant aux mesures non tarifaires ; en travaillant sur les normes, et surtout sur les normes privées en matière de durabilité ; en développant des solutions électroniques innovantes, y compris le lancement en ligne d'une académie de commerce des PME, afin de renforcer leurs compétences pratiques ; en se concentrant sur l'autonomisation économique des femmes ; et en aidant les PME à se relier aux chaînes de valeur et à y progresser, depuis le secteur du café et celui des technologies de l'information, à ceux des textiles et de l'agroalimentaire. Il est indispensable de mieux comprendre l'impact que peuvent avoir les règles et discussions de l'OMC sur les PME, et les opportunités à leur disposition pour bénéficier pleinement de l'ouverture des accès aux marchés qui y sont négociés. Il pourrait être utile de penser à intégrer une référence aux PME dans vos discussions sur les résultats attendus de la MC10.

Pour conclure, j'aimerais vous informer qu'à l'invitation de l'Honorable Secrétaire du Cabinet des affaires étrangères du Kenya, l'ITC va organiser un Forum des femmes d'affaires le 11 décembre, avant la Conférence ministérielle de l'OMC. Il sera l'occasion de placer la question de l'autonomisation économique des femmes au cœur des débats sur le commerce.

L'ITC se tient à votre disposition pour fournir une assistance si nécessaire. Considérez-nous comme votre partenaire alors que vous vous préparez pour la MC10 et à aller au-delà.

Je vous remercie.