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Une petite entreprise tunisienne à la conquête du marché des cosmétiques bio

20 septembre 2022
Emma Begag, Centre du commerce international

Portée par le développement d’une filière bio en plein essor, Bouchra Masrour s'est fait une place dans le milieu de la monde du cosmétique en Tunisie où elle cultive, fabrique et vend. À présent, elle envisage d’exporter.

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Telle est la devise de Bouchra Masrour.

Forte d’une expérience de 18 ans dans une clinique privée de Tunis, Bouchra s’est lancée dans une nouvelle aventure : vivre de sa passion pour les produits cosmétiques bio.

L'arganier et l’olivier, au cœur du patrimoine marocain

Originaire du Maroc, Bouchra grandit dans une famille qui lui transmet la passion de la culture de l’huile d’argan et l’huile d’olive, d’où sont issus les produits de beauté et de cuisine essentiels au quotidien des femmes marocaines.

Ces produits constituent également une source de revenus et sont facteur d’intégration sociale pour les réseaux de femmes rurales qui valorisent ce produit issu d’une tradition artisanale millénaire. 

Bouchra s’installe en Tunisie, et en 2016 germe l’idée de fonder Bahia Cosmetics, une entreprise tunisienne qui fabrique des produits de beauté bio et naturels certifiés, sans ammoniaque et conditionnés dans des emballages écologiques.

« Après avoir constaté que la Tunisie importait l’huile d’argan de France, j’ai décidé de produire des produits certifiés bio à partir de notre production locale. »

Son amour des plantes l’amène à construire une passerelle entre sa formation scientifique, ses connaissances en herboristerie et son héritage ancestral marocain. De cette belle alchimie est née la marque Bahia Cosmetics.

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20 septembre 2022

Une filière biologique en plein essor

Bahia Cosmetics débute avec deux employés et un petit atelier dans un laboratoire certifié.

Le laboratoire fournit les matières premières et Bahia Cosmetics ajoute ses huiles végétales et essentielles, à partir d’argan importée du Maroc, ainsi que d'olives et de pépins de figue de barbarie cultivés en Tunisie.

La Tunisie est le premier pays au monde à normaliser les caractéristiques de l’huile de pépins de figue de barbarie, fixant ainsi ses spécifications techniques, ainsi que ses critères de qualité et de composition.

En ce qui concerne l’huile d’olive, la Tunisie est le quatrième producteur mondial après l’Espagne, l’Italie et la Grèce, avec une production annuelle d’environ 350 000 tonnes pour la saison 2019/2020.

Le mari de Bouchra est agriculteur. Ensemble, ils cultivent des figuiers, des oliviers, des pistachiers lentisques et du romarin dans la région de Kairouan, sur un terrain certifié biologique, sans pesticide ni insecticide.

Pour la cueillette du romarin et du lentisque, elle fait appel aux femmes de la région. Cela permet de perpétuer la tradition et de contribuer à leur autonomisation. Par ailleurs, Bouchra fait partie d’un groupe de femmes entrepreneures œuvrant pour l’accès au Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA).

Le secteur tunisien de la cosmétique

En 2018, Bahia Cosmetics se développe et compte cinq techniciens de laboratoire et deux commerciaux. L’entreprise possède une salle d’exposition à Kairouan, un point de vente à Tunis, et fournit directement plusieurs pharmacies.

Le secteur tunisien de la parfumerie et des cosmétiques pourrait se développer bien davantage en tirant parti du potentiel agricole et humain du pays. Il est principalement constitué de petites entreprises dynamiques, dotées d’une capacité d’innovation remarquable.

Toutefois, il est freiné par le système fiscal national, ainsi que des barrières non tarifaires.

Pour aller de l’avant

La recherche de financement est un défi majeur et constant pour les entrepreneurs. La crise liée à la COVID-19 est venue s’ajouter à ces difficultés, en bouleversant le marché de la beauté. Bahia Cosmetics a perdu 70 % de son chiffre d’affaires et a dû interrompre ses activités plusieurs mois durant, ne pouvant plus financer ni les salariés, ni l’achat des matières premières.

Bouchra a bénéficié d’une formation offerte dans le cadre du projet Commerce électronique pour les femmes entrepreneures, mené en Tunisie par le Centre du commerce international (ITC). Elle a pu renforcer ses capacités en matière d’élaboration de plans commerciaux, de stratégies de vente en ligne, et de marketing numérique. Elle a notamment appris à développer du contenu et prendre des photos professionnelles pour augmenter ses ventes en ligne.

À la suite de cette formation, Bouchra s’est inscrite sur Little Jenaina et ILEY’COM, deux plateformes de marché tunisiennes, et a recruté un community manager.

Grâce à ses nouveaux talents en marketing numérique et à ses produits d’excellence, Bouchra se sent désormais prête à conquérir le marché régional, et même international.

« Dans un futur proche, je souhaite créer une filière au Maroc car il y a un potentiel d’achat très élevé, puis me développer sur les marchés des pays du golfe. »

Pour conquérir les pays du golfe, il lui faudra revoir sa stratégie d’image de marque afin de bâtir un univers de luxe unique.

Le projet Commerce électronique pour les femmes entrepreneures, mené en Tunisie par le Centre du commerce international (ITC), vise à augmenter les exportations des petites entreprises dirigées par des femmes grâce aux places de marché numériques, un nouveau canal qui offre des opportunités commerciales inédites. L'objectif est de créer de nouveaux emplois pour les femmes, et d'assurer un développement social et économique plus inclusif et durable.