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L'atelier sur le libre-échange en Afrique révélateur pour les entreprises éthiopiennes

9 avril 2024
ITC Actualités

L'association éthiopienne du commerce des technologies de l'information et de la communication (ICT-ET) anticipe les changements à venir induits par la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Le 6 décembre, elle a organisé un atelier avec l'appui du programme NTF V du Centre du commerce international sur la manière dont les entreprises du deuxième pays le plus peuplé d'Afrique peuvent bénéficier de cet accord.

« Ce fut une révélation », confesse Meried Bekele, PDG d'IE Networks, une société basée à Addis-Abeba. « Cet accord est en passe de devenir une réalité, et nous sommes en retard sur le processus. Il nous faut redoubler d'efforts pour être prêts pour ce changement économique d'ampleur. »

Son entreprise florissante fournit des services informatiques à d'autres entreprises. M. Bekele connaît les avantages et les risques liés à ce nouveau marché.

« Pour l'Éthiopie, les opportunités sont nombreuses. Par exemple, mon entreprise existe depuis plus de 15 ans, mais nous sommes toujours cantonnés au marché national. La ZLECAf sera l'occasion d'explorer les marchés étrangers et de nous développer. »

L'Éthiopie est un membre fondateur de la ZLECAf. L'instauration de cette zone de libre-échange au plan continental crée un marché unique pour les biens et les services en Afrique, capable de stimuler le commerce intra-africain et d'accélérer la croissance. Pourtant, une enquête récente montre que les entreprises éthiopiennes spécialisées dans les technologies de l'information et de la communication (TIC) ne comprennent pas bien comment tirer parti de ce marché.

Selon M. Bekele, ces entreprises doivent organiser leur logistique et s'équiper en conséquence, mais aussi se préparer aux transactions numériques, à la fiscalité et aux règles de paiement. « De nombreuses entreprises sont encore dans l'expectative, et ce temps est révolu. »

Il explique encore que les entreprises doivent avoir leur mot à dire dans l'élaboration des politiques relatives à la ZLECAf, au risque de voir « le secteur privé manquer l'occasion et le marché accaparé par d'autres entreprises plus agressives et plus efficaces ».

Pour Yilkal Abate, Président d'ICT-ET, l'atelier constituait une étape importante dans la galvanisation des secteurs public et privé.

L'association a partagé les résultats de l'atelier avec le gouvernement et les entreprises.

M. Abate témoigne : « Les choses évoluent plus rapidement que nous ne l'avions prévu lorsque la ZLECAf fut lancée en 2018, en particulier dans le domaine numérique. Nous manquons d'infrastructures. Nous avons besoin de mécanismes pour aider les entreprises à s'adapter, mais aussi pour mettre en place les systèmes de paiement transfrontaliers, la gouvernance des données, la protection des consommateurs, la fiscalité et les droits de douane. »

À cet égard, M. Bekele ajoute qu'il faut faire davantage pour intégrer les préoccupations des entreprises au fur et à mesure que le gouvernement adapte les lois.

« Ce processus doit être mené ensemble, avec davantage de discussions. La ZLECAf est une voie de croissance pour l'Afrique et nous devons l'utiliser correctement afin d'en tirer pleinement parti. »

M. Abate abonde en ce sens : « Selon les estimations, la ZLECAf pourrait générer jusqu'à 60 millions d'emplois, et nous aimerions que certains d'entre eux soient occupés par des Éthiopiens travaillant dans l'espace numérique. » En Éthiopie, soixante pour cent de la population a moins de 25 ans.

Il poursuit : « La voie à suivre comprend également l'amélioration des compétences, l'attraction d'investissements, le passage à l'échelle supérieure, l'échange d'idées et de connaissances, la création de partenariats transfrontaliers et la connexion avec des chaînes d'approvisionnement dans différentes régions du monde. »

Selon lui, les entreprises devront également s'efforcer d'obtenir des certifications internationales pour les systèmes de paiement et autres processus.

« Si les entreprises combinent leurs capacités, elles multiplient les chances de tirer parti de l'explosion de la croissance du secteur de l'externalisation des processus métiers. D'ici 2028, ce secteur devrait peser près de 260 milliards de dollars par an, et nous pouvons en capturer certaines parties », conclut M. Abate.

L'association ICT-ET a créé un groupe public-privé pour partager les meilleures pratiques, l'expertise et les analyses sur la ZLECAf. Elle est également en contact avec des associations d'entreprises kényanes et prévoit des ateliers supplémentaires sur le commerce électronique.

 

À propos du projet

La phase V du programme Netherlands Trust Fund (NTF V) (juillet 2021 à juin 2025) repose sur un partenariat entre le Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas et le Centre du commerce international (ITC). Le programme appuie les petites entreprises d'Afrique subsaharienne dans les secteurs des technologies numériques et de l'agroalimentaire. Son ambition est multiple : contribuer à une transformation inclusive et durable des systèmes alimentaires, en partie grâce à des solutions numériques, stimuler la compétitivité commerciale des start-up technologiques locales à l'international, et appuyer la mise en œuvre de la stratégie d'exportation des entreprises d'externalisation des processus informatiques et commerciaux dans certains pays d'Afrique subsaharienne sélectionnés.